Les regarder vivre
Pour être zen, il parraît qu'il faut faire le vide en soi. Dès qu'on a un moment dans la journée, dans les transports ou dans la rue : faire le vide en soi, se recentrer. Mais comment cela est-ce possible avec tout ce qui se passe en permanence autour de nous?
Lorsque je marche dans la rue, en général je file... mais j'ai toujours un oeil qui traine et qui capte les scènes de la vie quotidienne et qui imagine la vie des autres. Façon Amélie Poulain remplacant les yeux de l'aveugle qu'elle tient par le bras : tout défile très vite. Un jongleur souriant et des enfants autour qui rient aux éclats à chaque fois qu'une quille tombe au sol, ce sans abris avec son chien de 14 ans lové entre ses jambes en tailleur, pauvre chien qui avait fait une attaque et qui est toute la vie de ce jeune aux cendriers fait main, une fille qui parle au téléphone avec un si grand sourire, à qui parle-t-elle donc?
Mais ce que je préfère ce sont les p'tits vieux, tendres p'tits vieux qui avancent à petits pas, à demi courbés. Avez vous remarqué qu'on ne croise presque jamais leurs regards, absorbés qu'ils sont à regarder le sol ou peut-être indifférents à ce monde tellement étranger qui les entoure? Monde hostile pour eux? Ils sont toujours très élégants : petit bérêt bien visé sur la tête, veste de costume et pour ces dames broshing et imperméable. Que se passe-t-il dans leur tête?
Lorsque par chance l'un d'eux lève la tête, il sursaute quand on le salue et avec l'oeil tout à coup plus lumineux ils vous renvoie un "bonjour Madame" accompagné d'un hochement de tête courtois.
Eh oui : les gentlemen sont là!